lundi 13 décembre 2010

Si Bondye Vle

Aujourd’hui ce sera un billet d’humeur… j’en ai besoin ! Inspireeeeez, expireeeez, c’est la prof de yoga qui parle à elle-même, haha !

Ici tout le monde dit tout le temps « si bondye vle » : A demain si bondye vle, a lundi si bondye vle, le mois prochain si bondye vle…  au début c’est amusant, et puis, petit à petit, arggggh, ça prend tout son sens !

Avec toutes ces urgences, tous ces événements plus ou moins imprévu, on passe son temps à plannifier, annuler,  déplacer, replanifier… Oooooommmmm….

Chaque matin, on regarde par la fenêtre avant d’aller au bureau et on se dit : est-ce que les écoliers vont à l’école ? (c’est un signe, s’ils restent à la maison mieux vaut rester également). On observe la quantité de trafic, on s’appelle entre collègue, et puis, courageusement, on se lance sur les routes ou alors… on annule tout. 

C’est ainsi qu'un de mes grands suspens de la semaine est : vais-je arriver à décoller de Port-au-Prince? Ou vais-je finir par me déplacer jusqu’à Santo Domingo?

Comme vous pouvez le voir, c’est intéressant, très vivant, très intense. Ici le plan plon-plon tous-les-jours pareille ça n’existe pas. C’est au jour le jour. Haaaaaaa, je suis sûr que vous m’enviez tous !

D’ailleurs, vous ne savez pas la quantité d’événements qui ont été annulés la semaine dernière, même moi je ne sais pas.

Ce qui met encore plus de piment c’est que comme me disait un collègue, ici, c’est 80% à la rumeur, 20% aux faits. Par exemple, hier soir, c’était : peut-être ils vont annoncer les résultats demain matin. Ce matin c’était : peut-être ils vont annoncer les résultats mercredi. Mais tout bien confirmer, non, ce sera ni aujourd’hui ni demain. Donc, on regarde par la fenêtre et… Si Bondye Vle !

jeudi 9 décembre 2010

Colère dans les rues

Hello à vous toutes et tous!

Deuxième jour à la maison suite à l'annonce des résultats des élections présidentielle et législative du 28 novembre dernier.

Les gens contestent les résultats provisoires avec force: il y a la fanfare et les chants pour ceux qui célèbrent leur encouragement aux candidats dans la joie, et il y a les baricades, les jets de pierre, et les pneus brûlés pour tout ceux qui cherchent à exprimer leur colère.

Deux jours qu'il n'y a pas de traffic, que les magasins, commerces et entreprises sont fermés. Forcément, le travail humanitaire est devenu difficile car avec les routes bloquées, le personnel ne peut se déplacer, impossible d'amener de l'eau, de vider les latrines, de distribuer quoi que ce soit ou d'évacuer les malades.

En même temps, on comprends. Entre ceux qui n'ont pas pu voté, les bulletins perdus, les intimidations, les bureaus de vote vandalisés, les gens ont de quoi avoir l'impression que leur voix n'a ni pu être exprimée, ni été entendue. Personne ne crois aux résultats annoncés.

Le recomptage des votes a été annoncé aujourd'hui et les résultats définitifs devraient être donnés le 20 décembre. Toutefois, des organisations de défense des droits de l'homme préconisent plutôt de refaire les élections, au moins pour les régions où le processus a été le plus douteux.
J'habite juste au dessus de la place St-Pierre à Petion-Ville. La place St-Pierre c'est justement là où il y a le Conseil Electoral Provisoire, ou CEP, qui est, selon leur site Internet "une institution publique indépendante et impartiale, responsable de l’organisation et du contrôle des élections sur tout le territoire de la République." Voilà. ça grabuge depuis hier devant les bureaux de la CEP comme ces quelques photos vous le montrerons. C'était calme ce matin car il pleuvait (personne ne sort quand il pleut), mais cet après-midi ça chauffait à nouveau. Les nuages noirs, ce sont les pneus ou quoi que ce soit d'autre qui brûlent. Les nuages blancs ce sont les gaz lacrymo, ou alors les flash-bang grenades - eh oui, un nouveau mot à mon vocabulaire - elles font beaucoup de bruit et de lumière quand elles explosent, mais ce n'est pas sensé tuer, juste désorienter. Ce qui est très douteux, c'est que tout cela explose parmis les familles qui habitent les nombreuses tentes encore présentes sur la place.
Pour la petite histoire, l'ambassade de Suisse se trouve précisément sur... la place St-Pierre.

L'aéroport est fermé depuis hier, la pluspart des vols annulés. Inutile de vous dire qu'il y a pas mal de monde qui devaient sortir du pays et se demandent comment et quand ils vont le faire. Pour ma part, j'espère toujours vous revoir dans 10 jours en Suisse.

Je vous tiens au courant!




samedi 27 novembre 2010

J'habite sur un bateau

Oui, et je vous en apporte les preuves :

Tout d’abord, comme sur les bateaux, il y a un bruit de moteur (souvenez-vous de votre dernière traversée en ferry  - si vous n’avez pas encore fait de traversée en ferry, il est grand temps de sortir de chez vous pour aller explorer le monde). Après enquête, j’ai découvert plusieurs moteurs. Tout d’abord : celui-ci



Ne vous trompez pas, sous ses allures de « grosse caisse », il est relativement genti.

Et ensuite, il y a celui-là, qui est sympathiquement nommé « petit delco » :




Sous ses allures de mini machine, il est terrible !!! Un 38 tonnes juste sous vos fenêtres.

Alors l’histoire c’est que le si charmant « petit delco » travaille de 14h à 16h, oui, y compris et surtout le dimanche. La grosse caisse elle, travaille le matin de 5h30 à 7h30 et le soir de 6h30 à 8h30. Ou à peu près, rien n’étant jamais très précis dans ce pays. Et tout ca pour quoi me direz-vous ? Quoi que certain(e) d’entre vous auront devinés : eh oui, l’électricité !!! (ce qui inclut la pompe pour l’eau bien sûr). Parce qu’en Haiti, Electricité d’Haiti (ou EDH) ne fonctionne que très sporadiquement.

Donc, ce que font également ces machines, c’est de recharger ceci :




Un tas de batteries reliées à une machine qu’on appel un inverter.

Donc l’inverter se charge de charger les batteries lorsque fonctionnent les générateurs et de restituer l’énergie des batteries lorsque ne fonctionnent pas les générateurs (et EDH non plus). Pour l’annecdote, notre inverteur a été très judicieusement placé dans le salon, juste à côté de la télé. Certains ont le crepitement de la cheminée, d’autre ont le doux ronron de l’inverteur, ça a ses charmes aussi.

Bon, ça c’était pour la partie électrique.

Après il y a des aspects plus charmants (d’après moi mais peut être êtes vous de grands fans d’électricité). Par exemple, comme sur tous les autres bateaux, il y a un nom. Celui-ci est plutôt joli :



Il y a d'ailleur un deck avec ses chaises longues, et même une table de ping-pong - oui oui, je m'entraîne dur!


Bon, allez allez, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Comme sur les autres bâteaux, on voit... la mer 



Si si, là bas au fond, ça fait envie, hein?

A tout bientôt :-)

jeudi 11 novembre 2010

Jacmel

Voilà voilà, je vous avais promis des images de Jacmel

Mais tout d’abord, une petite intro sur cette charmante ville du Département du Sud-Est. Je l’ai piquée sur Wickipedia mais j’y ai mis du mien pour la traduire. Le site de l’UNESCO m’a également aidé.

La ville a été fondée en 1698 comme capitale du Sud-Est de la colonie Française de St-Domingue. L’endroit s’appelait à l’origine Yaquimel et faisait partie d’un territoire Taíno (ethnie amérindienne qui occupait les Grandes Antilles lors de l'arrivée des Européens). Les Français ont rebaptisés la ville en Jacmel.

Au 19e siècle la ville était habitée par de riches marchands de cafés. Après un incendie qui détruisit largement la ville en 1895, Jacmel fut reconstruite à partir de maisons pré-fabriquées commandées en tout ou partie d’Europe (France, Belgique). Ce sont ces vastes demeures (la maison réunissant autant l’espace pour les affaires que l’habitation familiale) qui occupent encore aujourd’hui le centre de la ville. La particularité de ces maisons sont leur piliers, balcon et escaliers de fer forgés. Beaucoup de bois, maçonnerie et briques alternés.  Il semble que ce type d’architecture ait largement influencé la Nouvelle Orléans.

Nombres de ces bâtisses avaient déjà besoin d’un sérieux coup de frais. Le 12 janvier n’a rien arrangé, avec 70% des maisons de la ville touchées. Jacmel était candidate pour figurer sur la liste de l’héritage mondiale de l’UNESCO. Des missions d’évaluation des bâtiments ont d’ailleurs été réalisées durant l’été.

Jacmel a lancé le Festival Film Jakmel en 2004 et tenu un Festival Mizik Jakmel en 2007 (mizik = musique). La ville est également célèbre pour ses peintres et son artisanat.

Coup d’œil sur la baie de Jacmel


La rue du Commerce (pas très animée mais faut dire que c'était un jour ferié)




Prise de la voiture - je regarderai la rue à la prochaine visite:

La plage, un peu plus loin, à Timouillage



Fin de soirée... à l'eau et dans l'eau, 3 joyeux lurons dans la piscine de l'hotel!


vendredi 5 novembre 2010

Haiti sous la pluie

Bonjour à toutes et tous,

Merci pour vos emails! Tout va bien pour moi et mes collègues à Port-au-Prince. Beaucoup de travail ces derniers jours pour se préparer à l'arrivée de la tempête Tomas et nous suivons les informations qui viennent des différentes organisations qui travaillent pour l'Alliance ACT à travers tout le pays (www.actalliance.org pour plus d'info). Le sud ouest du pays est le plus touché par les vents et la pluie avec des dégats sur les récoltes et des rivières en crue. Quelques inondations à Port-au-Prince mais pas de dégat majeurs par ici.

Mais il y a encore pas mal de pluie sur une bonne partie du pays, donc on attend de recevoir davantage de nouvelles, en particulier du nord.

Ci-dessous la vue depuis mon balcon ce matin: on se serait cru un jour de neige en plein hiver à Genève tellement on y voyait rien.




A titre de comparaison, la vue cette après-midi:




Je vous enverrai des photos plus ensoleillées de mon week-end à Jacmel tout bientôt!

lundi 25 octobre 2010

Le chemin des écoliers

Bonjou zanmi m'

Tout d'habord, oui, il y a eu une épidémie de Choléra dans le nord. Moi et mes collègues allons tous bien.nous prenons des mesures pour l'enrayer, que ce soit au niveau des projets à la maison, ou dans les bureaux. En gros, ça sent l'eau de javel dès qu'on ouvre un robinet...

La semaine dernière j'ai eu la chance d'aller voir un projet dans un village plutôt reculé, il s'agissait de la construction d'une école provisoire en attendant de refaire le bâtiment principal qui a subit passablement de domages durant le tremblement de terre. L'école se trouve à Embouchure, à 1h30 de marche de la route la plus proche, dont la moitié du chemin se fait dans la rivière (si, si, je veux bien dire dans l'eau). J'ai pensé que quelques photos seraient bien plus parlantes qu'un long texte, alors voilà:

Tout d'abord, le chemin:


Arrivés dans le village, la première chose que l'ont se rend compte, c'est le dur labeur nécessaire pour applanir le terrain, avec des outils très simples:



Une fois que le terrain est prêt, on assemble la charpente de l'école, en commençant par le toit



On continue avec la bâche. Pour la petite histoire, elle vient en quatre parties qui se fixent ensemble au moyen d'une... fermeture éclaire.



 Enfin, on ajoute les piquets qui constitueront les murs


Et voilà le résultat!


Sourire!


La journée est finie, on rentre à la maison


Un dernier coup d'oeil sur la rivière


Mon ami le geko est de la partie pour vous souhaiter une bonne semaine



lundi 18 octobre 2010

Premières leçons de Créol et de... conduite


Les rues de Port-au-Prince sont soudainement devenues plus dangereuses car... je conduits!!! Eh oui, un de mes collègues a courageusement accepté de m’accompagner samedi après-midi (bon, il avait pas l'air trop affolé en fait). Après avoir enfin réussi à sortir du parking dont 4 véhicules bloquaient la sortie, c’était parti pour un petit tour à Pétion-Ville, qui est le quartier où j’habite et où se trouve aussi la majorité des coins sympas pour le week-end (indispensable de savoir y conduire, donc). Pour y arriver, il faut s’enlever de la tête tout repère suisse. Ici, le trottoir est occupé par les voitures, les marchands, les piétons, et la route est occupée par… les voitures, les marchands, les piétons, sans compter les bus locaux (tap tap) qui chargent et déchargent leurs passager et les motocyclettes. Les comportements également : si le chauffeur d’en face décide de se diriger du côté droit de la route juste devant vous, c’est NORMAL. Si la personne garée sur le trottoir décide de s’engager sur la route alors que vous passez à côté, d’elle, et continue à rouler à côté de vous alors qu’il y a à peine la place pour un véhicule, ça aussi, c’est NORMAL. Ce qu’il faut surtout savoir, c’est qu’il ne faut pas hésiter à CLAXONNER, sans ça, pas de salut.

L’autre point fort de la semaine ça a été mon cours de créole. Là aussi, attention aux faux repères : ça ressemble au français, mais ce n’est PAS du français. S’il est très facile de trouver le mot dans la plupart des cas, à partir du moment où vous voulez construire une phrase, il vaut mieux oublier le français car sinon ça peut se révéler très frustrant. Par exemple : garçon, c’est gason. Le garçon, c’est « gason an », car l’article défini se met à la fin, mais un garçon, c’est « yon gason », l’article indéfini restant avant le nom. Pour l’article démonstratif, c’est nom + sa + article défini : gason sa a. C'est le livre du garçon, ça donne Se liv gason an. Ok ok, j’arrête là pour la grammaire. Pour le vocabulaire, je partage quelques très jolis mots avec vous (il y en a plus mais je veux pas faire trop long) : le toit, c’est tèt kay, littéralement la tête de la maison. Ti woch c’est un caillou, et gwo woch c’est un rocher. Et si vous voulez une banane, c'est bannann fig, parce que bannan tout court, c'est la banane plantain.

Le troisième point fort de la semaine, c’est que j’ai explosé mon budget sortie, et je partage d’ailleurs avec vous ces quelques photos prises dimanche. Eh oui, après les émotions fortes du samedi, il fallait bien ça pour récupérer :-)

 Le golfe de la Gonave et au loin, l'île du même nom.

Eh oui, c'est bien moi!
 ça patauge...
 Celle là c'est pour vous
 A la semaine prochaine!

dimanche 10 octobre 2010

Marche en montagne

Bonjour à tous et à toutes,

Eh oui me voici déjà au terme d'une première semaine en Haiti.

J'ai retrouvé mon appart, joliment arrangé par ma collègue et co-locatrice. J'ai aussi retrouvé mon bureau, moins joliment arrangé mais bon ce sera pour un autre message... Et la pluspart de mes collègues, ainsi que des nouveaux.

J'ai déjà mon abo de gym (très important, parce que sinon, on est assis tout le temps: dans la voiture, dans le bureau, lors de réunion...).

Et puis j'ai déjà pu profiter de l'offre culturelle de Port-au-Prince, avec un concert de jazz ce samedi.



Aujourd'hui, nous avons fait une marche en montagne. J'ai vraiment, vraiment apprécié de pouvoir me promener au milieu des gens. A Port-au-Prince, c'est difficile, mais là, en groupe, c'est possible. Les enfants sont tout contants de pratiquer leur anglais (Good morning et what is your name ont particulièrement la cote). Voici quelques photos:









Et pour la météo, il fait chaud, humide, et des gros orages tropicaux presque tous les jours. Aujourd'hui, on est passé entre les gouttes, mais on avait la tête dans les nuages :-)

A très bientôt pour la suite...