dimanche 15 mai 2011

Dans la rue

En tant qu'expat' en Haiti, je circule surtout en voiture. Et, comme l'indique la chanson "Ayiti, ti peyi blokis", les embouteillages sont monnaie courantes (il n'y a qu'en juin 2010, lors d'un match impliquant le Bresil, que j'ai vu des rues vides, mais alors absolument vides!!!)

Grâce aux embouteillages, j'ai plein de temps pour observer ce qui se passe dans la rue, et croyez-moi, il s'en passe des choses!

Tout d'abord, il y a du monde: les marchandes qui vendent fruits, légumes, pâtes, bouillon cubes, articles de ménages, vêtements de seconde main (ça s'appelle "pèpè" ici, et ils habillent beaucoup de monde). Les vendeurs de médicament, de cartes de téléphone, les cireurs de chaussure, les orfèvres...  Avec tout ça, les piétons doivent se frayer un chemin et ce n'est pas évident car là où il n'y a pas de vendeur, c'est qu'il n'y a pas de trottoir!




La rue que j'emprunte pour aller au travail est très utilisée par les pousseurs de brouette. Les pousseurs de brouette doivent se frayer un chemin entre les piétons et les voitures. Et puis bien sûr, il y a les fameux tap-tap, ou sorte de minibus locaux qui s'arrêtent très souvent pour laisser monter ou descendre leurs passagers.

Ce que j'aime également beaucoup observer ce sont les peintures tout au long des murs. En Haiti, pas d'enseignes sophistiquées ou de néons bling bling, mais une nuée d'artistes qui dessinent aussi joliment que possible ce qui se cache derrière le mur en question: barbier, garderie, épicerie, bric-à-brac... Allez, en voici une sélection:

Vue sur le mur de la garderie "les petits tournesols"



Aguicheuse... celle-ci annonce un salon de beauté



Vu à côté d'une épicerie, de la pub pour...








Et voilà pour aujourd'hui. En vous souhaitant plein d'inspiration!

mardi 19 avril 2011

Ile a Vache (re) visitée

Etant donné que j'ai déjà posté mes photos de l'Ile à Vache sur flickr (eh oui, ce n'est pas parce que j'étais silencieuse sur ce blog que je n'ai rien fait non plus), je ne vais pas vous la jouer album photo (contrairement à certains de mes autres messages, oui oui, je sais, il était temps de changer un peu).

Alors, voici comment commence l'histoire. Et si Ile à Vache était une ile aux Pirates? Une île aux Pirates, pfff, banale me direz vous. Eh bien non car figurez-vous que j'ai pu en trouver une carte, que voilà d'ailleurs, haha:


 Comme toute carte de pirate qui se respecte, elle doit indiquer l’emplacement d’un trésors. Mais attention, ça ne doit pas être trop facile sinon ce n’est pas une vraie carte de pirate. Donc vous devez DEVINER! Voici quelques indices:

Au soleil couchant de la gouille verte, de l’Anse s’éloignant, tu marcheras.

Là où les palmiers cèdent au large, le trésors tu trouveras.
Pendant que vous réfléchissez, voici un beau bateau, comme on en trouve sur toutes les iles aux pirates:


Bon, revenons 400 ans plus tard - car il semble que dans les années 1600, il y avait bien des pirates qui séjournaient autour de l’Ile, dont le plus fameux s’appelait Capitaine Morgan - comme vous avez pu voir (ou allez voir) sur les photos, Ile a Vache est très belle, et comme nous étions là-bas lors du carnaval, nous avons même pu profiter de danser aux sons des tambours de la musique racine (ou «rara») dans les vapeurs de clairin, l’alcool de canne local (non non malgré les apparences je n’y ai pas touché).

Si vous cherchez un endroit paradisiaque, où vous reposer, profiter de la plage, pouvoir vous promener et rencontrer les habitants loin du tumulte de la capitale Haitienne (et de toutes les capitales du monde d’ailleurs) n’hésitez plus, Ile à Vache vous attend!!! Mwen renmen zile Ilavach!


Allez, je craque, voici quelques photos:


La gouille... qui est en fait un lac bleu!



Le trésor... eh non celui-là n'est pas monétaire, comme tous les plus beaux trésors du monde d'ailleurs!


L'Anse Sir Morgan, qui est en réalité la baie Ferret!

Voilà pour la petite histoire. Merci www.ilavache.com pour la carte (un peu retouchée), www.abakabay.com pour le beau bateau et si vous cherchez en plus d’une belle ile, une chambre top confort et une cuisine à vous en mettre l’eau à la bouche rien qu’à vous en souvenir: www.port-morgan.com

A tout bientôt!

samedi 29 janvier 2011

Les quartiers de Port-au-Prince


Bonjour à toutes et à tous,

Eh oui je sais premier message de l'année, à fin janvier, il était temps!

Aujourd'hui j'ai envie de partager avec vous quelques photos prises lors d'une visite dans un des quartiers de Port-au-Prince, à Delmas.

Ce type de quartier, on en trouve beaucoup. Il faut franchir la première rangée de maison le long de la route (à pied, car ce n'est pas prévu pour s'y rendre en voiture) et on se retrouve rapidement dans un passage étroit à descendre, entre les maisons, un escalier plutôt raide et aux marches inégales, qui nous emène au fond d'une ravine avant de remonter entre les maisons suivantes de l'autre côté de la ravine.

Au passage, on croise un cochon, dont le propriétaire espère qu'il fera des petits (ok, je devrais parler d'une truie). Le propriétaire tient une petite épicerie dans le quartier. Autre particularité dans la vie de ce Monsieur, il est aveugle. Mais comment fait-il avec ces escaliers?

Après une visite au marchand, on y rencontre, comme partout en Haiti, des enfants qui 1) sont très curieux lorsqu'ils ont l'occasion de rencontrer des "blans" (étrangers en créol) et 2) ont très envie de poser pour la photo et de voir ensuite le résultat sur l'écran de l'appareil.

La particularité de ces quartiers, c'est que de loin, on a beaucoup de mal à distinguer où s'arrête une maison et où commence la suivante.

Je vous laisse découvrir les images par vous mêmes.

Bises et à bientôt






















lundi 13 décembre 2010

Si Bondye Vle

Aujourd’hui ce sera un billet d’humeur… j’en ai besoin ! Inspireeeeez, expireeeez, c’est la prof de yoga qui parle à elle-même, haha !

Ici tout le monde dit tout le temps « si bondye vle » : A demain si bondye vle, a lundi si bondye vle, le mois prochain si bondye vle…  au début c’est amusant, et puis, petit à petit, arggggh, ça prend tout son sens !

Avec toutes ces urgences, tous ces événements plus ou moins imprévu, on passe son temps à plannifier, annuler,  déplacer, replanifier… Oooooommmmm….

Chaque matin, on regarde par la fenêtre avant d’aller au bureau et on se dit : est-ce que les écoliers vont à l’école ? (c’est un signe, s’ils restent à la maison mieux vaut rester également). On observe la quantité de trafic, on s’appelle entre collègue, et puis, courageusement, on se lance sur les routes ou alors… on annule tout. 

C’est ainsi qu'un de mes grands suspens de la semaine est : vais-je arriver à décoller de Port-au-Prince? Ou vais-je finir par me déplacer jusqu’à Santo Domingo?

Comme vous pouvez le voir, c’est intéressant, très vivant, très intense. Ici le plan plon-plon tous-les-jours pareille ça n’existe pas. C’est au jour le jour. Haaaaaaa, je suis sûr que vous m’enviez tous !

D’ailleurs, vous ne savez pas la quantité d’événements qui ont été annulés la semaine dernière, même moi je ne sais pas.

Ce qui met encore plus de piment c’est que comme me disait un collègue, ici, c’est 80% à la rumeur, 20% aux faits. Par exemple, hier soir, c’était : peut-être ils vont annoncer les résultats demain matin. Ce matin c’était : peut-être ils vont annoncer les résultats mercredi. Mais tout bien confirmer, non, ce sera ni aujourd’hui ni demain. Donc, on regarde par la fenêtre et… Si Bondye Vle !

jeudi 9 décembre 2010

Colère dans les rues

Hello à vous toutes et tous!

Deuxième jour à la maison suite à l'annonce des résultats des élections présidentielle et législative du 28 novembre dernier.

Les gens contestent les résultats provisoires avec force: il y a la fanfare et les chants pour ceux qui célèbrent leur encouragement aux candidats dans la joie, et il y a les baricades, les jets de pierre, et les pneus brûlés pour tout ceux qui cherchent à exprimer leur colère.

Deux jours qu'il n'y a pas de traffic, que les magasins, commerces et entreprises sont fermés. Forcément, le travail humanitaire est devenu difficile car avec les routes bloquées, le personnel ne peut se déplacer, impossible d'amener de l'eau, de vider les latrines, de distribuer quoi que ce soit ou d'évacuer les malades.

En même temps, on comprends. Entre ceux qui n'ont pas pu voté, les bulletins perdus, les intimidations, les bureaus de vote vandalisés, les gens ont de quoi avoir l'impression que leur voix n'a ni pu être exprimée, ni été entendue. Personne ne crois aux résultats annoncés.

Le recomptage des votes a été annoncé aujourd'hui et les résultats définitifs devraient être donnés le 20 décembre. Toutefois, des organisations de défense des droits de l'homme préconisent plutôt de refaire les élections, au moins pour les régions où le processus a été le plus douteux.
J'habite juste au dessus de la place St-Pierre à Petion-Ville. La place St-Pierre c'est justement là où il y a le Conseil Electoral Provisoire, ou CEP, qui est, selon leur site Internet "une institution publique indépendante et impartiale, responsable de l’organisation et du contrôle des élections sur tout le territoire de la République." Voilà. ça grabuge depuis hier devant les bureaux de la CEP comme ces quelques photos vous le montrerons. C'était calme ce matin car il pleuvait (personne ne sort quand il pleut), mais cet après-midi ça chauffait à nouveau. Les nuages noirs, ce sont les pneus ou quoi que ce soit d'autre qui brûlent. Les nuages blancs ce sont les gaz lacrymo, ou alors les flash-bang grenades - eh oui, un nouveau mot à mon vocabulaire - elles font beaucoup de bruit et de lumière quand elles explosent, mais ce n'est pas sensé tuer, juste désorienter. Ce qui est très douteux, c'est que tout cela explose parmis les familles qui habitent les nombreuses tentes encore présentes sur la place.
Pour la petite histoire, l'ambassade de Suisse se trouve précisément sur... la place St-Pierre.

L'aéroport est fermé depuis hier, la pluspart des vols annulés. Inutile de vous dire qu'il y a pas mal de monde qui devaient sortir du pays et se demandent comment et quand ils vont le faire. Pour ma part, j'espère toujours vous revoir dans 10 jours en Suisse.

Je vous tiens au courant!




samedi 27 novembre 2010

J'habite sur un bateau

Oui, et je vous en apporte les preuves :

Tout d’abord, comme sur les bateaux, il y a un bruit de moteur (souvenez-vous de votre dernière traversée en ferry  - si vous n’avez pas encore fait de traversée en ferry, il est grand temps de sortir de chez vous pour aller explorer le monde). Après enquête, j’ai découvert plusieurs moteurs. Tout d’abord : celui-ci



Ne vous trompez pas, sous ses allures de « grosse caisse », il est relativement genti.

Et ensuite, il y a celui-là, qui est sympathiquement nommé « petit delco » :




Sous ses allures de mini machine, il est terrible !!! Un 38 tonnes juste sous vos fenêtres.

Alors l’histoire c’est que le si charmant « petit delco » travaille de 14h à 16h, oui, y compris et surtout le dimanche. La grosse caisse elle, travaille le matin de 5h30 à 7h30 et le soir de 6h30 à 8h30. Ou à peu près, rien n’étant jamais très précis dans ce pays. Et tout ca pour quoi me direz-vous ? Quoi que certain(e) d’entre vous auront devinés : eh oui, l’électricité !!! (ce qui inclut la pompe pour l’eau bien sûr). Parce qu’en Haiti, Electricité d’Haiti (ou EDH) ne fonctionne que très sporadiquement.

Donc, ce que font également ces machines, c’est de recharger ceci :




Un tas de batteries reliées à une machine qu’on appel un inverter.

Donc l’inverter se charge de charger les batteries lorsque fonctionnent les générateurs et de restituer l’énergie des batteries lorsque ne fonctionnent pas les générateurs (et EDH non plus). Pour l’annecdote, notre inverteur a été très judicieusement placé dans le salon, juste à côté de la télé. Certains ont le crepitement de la cheminée, d’autre ont le doux ronron de l’inverteur, ça a ses charmes aussi.

Bon, ça c’était pour la partie électrique.

Après il y a des aspects plus charmants (d’après moi mais peut être êtes vous de grands fans d’électricité). Par exemple, comme sur tous les autres bateaux, il y a un nom. Celui-ci est plutôt joli :



Il y a d'ailleur un deck avec ses chaises longues, et même une table de ping-pong - oui oui, je m'entraîne dur!


Bon, allez allez, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Comme sur les autres bâteaux, on voit... la mer 



Si si, là bas au fond, ça fait envie, hein?

A tout bientôt :-)

jeudi 11 novembre 2010

Jacmel

Voilà voilà, je vous avais promis des images de Jacmel

Mais tout d’abord, une petite intro sur cette charmante ville du Département du Sud-Est. Je l’ai piquée sur Wickipedia mais j’y ai mis du mien pour la traduire. Le site de l’UNESCO m’a également aidé.

La ville a été fondée en 1698 comme capitale du Sud-Est de la colonie Française de St-Domingue. L’endroit s’appelait à l’origine Yaquimel et faisait partie d’un territoire Taíno (ethnie amérindienne qui occupait les Grandes Antilles lors de l'arrivée des Européens). Les Français ont rebaptisés la ville en Jacmel.

Au 19e siècle la ville était habitée par de riches marchands de cafés. Après un incendie qui détruisit largement la ville en 1895, Jacmel fut reconstruite à partir de maisons pré-fabriquées commandées en tout ou partie d’Europe (France, Belgique). Ce sont ces vastes demeures (la maison réunissant autant l’espace pour les affaires que l’habitation familiale) qui occupent encore aujourd’hui le centre de la ville. La particularité de ces maisons sont leur piliers, balcon et escaliers de fer forgés. Beaucoup de bois, maçonnerie et briques alternés.  Il semble que ce type d’architecture ait largement influencé la Nouvelle Orléans.

Nombres de ces bâtisses avaient déjà besoin d’un sérieux coup de frais. Le 12 janvier n’a rien arrangé, avec 70% des maisons de la ville touchées. Jacmel était candidate pour figurer sur la liste de l’héritage mondiale de l’UNESCO. Des missions d’évaluation des bâtiments ont d’ailleurs été réalisées durant l’été.

Jacmel a lancé le Festival Film Jakmel en 2004 et tenu un Festival Mizik Jakmel en 2007 (mizik = musique). La ville est également célèbre pour ses peintres et son artisanat.

Coup d’œil sur la baie de Jacmel


La rue du Commerce (pas très animée mais faut dire que c'était un jour ferié)




Prise de la voiture - je regarderai la rue à la prochaine visite:

La plage, un peu plus loin, à Timouillage



Fin de soirée... à l'eau et dans l'eau, 3 joyeux lurons dans la piscine de l'hotel!